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3 octobre 2020

ADEVA Villebéon - Association de Défense de l'Environnement de Villebéon et des Alentours

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Villebéon, le vendredi 29 mars à 12h04
Publié le 3 février 2008
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Électricité :
l'Allemagne est-elle en permanence au bord de la panne ?

BERLIN (AFP) - Les Allemands vont-ils se retrouver de plus en plus souvent dans le noir ? C'est ce que craignent les experts, face à la saturation des lignes à haute tension.

De l'avis même du ministre de l'Économie Michael Glos, la situation est grave. Pour Matthias Kurth, président de l'Autorité des réseaux, qui supervise en Allemagne aussi bien les lignes électriques que téléphoniques ou ferroviaires, un engorgement à moyen terme n'est pas à exclure.

Nous atteignons de plus en plus souvent les limites en matière de capacité et de sécurité, renchérissait récemment RWE, numéro deux allemand de l'énergie, dans les pages du Handelsblatt.

Pour son concurrent Vattenfall, les situations d'urgence ne sont plus l'exception, elles sont la règle.

Accusé numéro 1 : l'essor de l'énergie éolienne.

Cette production est très instable. Les jours de calme plat, peu de courant sort. Mais les jours de grand vent, de très grosses quantités qui arrivent d'un coup sur le réseau, explique à l'AFP l'expert Rudolf Kreutzer, l'un des responsables du centre d'étude des risques de l'assureur Allianz (AZT).

Conséquence : des centrales traditionnelles doivent être ralenties pour éviter que les lignes à haute tension ne surchauffent.

Par ailleurs, les éoliennes sont situées très majoritairement sur les côtes du nord de l'Allemagne et leur production doit être acheminée dans tout le pays. Or les réseaux n'ont pas été conçus pour de si longues distances car le principe de départ était : l'électricité est consommée là où elle est produite, indique M. Kreutzer.

Un principe tombé depuis longtemps en désuétude, alors que le transport d'électricité se fait désormais à l'échelle européenne, non sans incidents.

Une panne en novembre 2006 sur deux lignes à haute tension allemandes avait failli mener toute l'Europe au black out. Le 28 septembre 2003, toute l'Italie continentale avait été plongée dans le noir à la suite d'un accident en Suisse.

Des scenarios catastrophe qui pourraient se multiplier, alors que les intempéries toujours plus fréquentes menacent les infrastructures électriques, selon Rudolf Kreutzer.

L'expert souligne aussi la responsabilité des entreprises, qui n'ont guère investi depuis la libéralisation du marché allemand dans les années 1990.

À l'époque, l'électricité était abondante et bon marché. Pour être plus rentables, les producteurs ont fermé des centrales et délaissé les réseaux.

Depuis, les prix ont flambé, la demande aussi. Pourtant, le quatuor qui domine à la fois la production d'électricité et son transport (EON, RWE, EnBW et Vattenfall), rechigne à puiser dans ses caisses pour développer des réseaux qu'il pourrait bientôt perdre.

EON et consorts craignent en effet que la Commmission européenne ne les force à s'en séparer, au nom de la concurrence.

À cela s'ajoutent des résistances au niveau local à la construction de lignes et un processus bureaucratique vraiment interminable, selon l'expert d'AZT. Sur ce dernier point, le gouvernement a promis de faciliter les démarches.

La prise de conscience est en marche : le groupe RWE a annoncé vendredi qu'il allait investir 3 milliards d'euros d'ici 2017 pour construire 800 kilomètres de ligne.

Autre piste explorée pour éviter à la fois de saturer les réseaux et de subir des pénuries : l'électricité "faite maison."

Il n'y a pas si longtemps, les industriels avaient leurs propres centrales électriques, qu'ils ont vendues au nom du profit. Mais cela pourrait revenir à la mode, souligne ainsi Rudolf Kreutzer.

Dernier exemple en date : le groupe chimique américain Dow Chemical veut faire construire une centrale destinée à alimenter sa production à Stade, au nord de l'Allemagne.

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